QUARTIER DU MISTRAL :
François sort de chez lui et ferme la porte.
François : Ben... Tu fais prendre l'air à tes rédactions ? Où t'en peux plus des fautes d’orthographe ?
Blanche : J'ai renversé mon cartable, il ferme plus ! Aide-moi, au lieu de rester planté !
François : Oh, ça serait bien que mon père ait des nouvelles de son prêt. On se fait tellement de soucis à cause de son cholestérol.
Blanche : Oh, mais tu sais bien qu'il a le goût du drame.
François : Cette fois j'ai l'impression que c'est plus sérieux. Hier soir, il m'a dit qu'il m'aimait.
Blanche : Il t'a dit ça ?
François : C'est pour ça que ça m'inquiète. J'm'en veux, tu sais.
Blanche : Mais tu t'en veux de quoi ?
François : Mais je sais pas. De tout ça. Si il doit vendre son fond de commerce... il s'en remettra jamais.
Blanche : Rooo, écoute, c'est pas le moment d'être pessimiste, hein !
François : Hum. En tout cas, à partir de maintenant je fais attention. Plus de dépense inconsidéré.
Blanche : Oh, tu dis ça à chaque fois.
François : Ah, mais là c'est vrai ! Je vais m'acheter... une conduite, tu verras. Il va falloir d'habituer à vivre avec un mari économe.
Factrice : Bonjour !
François : Bonjour !
Blanche : Bonjour !
François : Dites-moi, je voulais vous demander. Sans trahir le secret de la correspondance, bien sûr. Est-ce que vous auriez une lettre de la banque, pour mon père ? Oui, je sais mais c'est important !
Factrice : Rien. A part son mensuel sur les voyages. Dites-moi, c'est vrai que Roland pense à mettre la clef sous la porte ?
PORTE DE L'ORIENT :
Malik et Aicha font une pause dans leur footing. Ils s'étirent leurs muscles.
Malik : T'as pris ta décision, finalement ?
Aicha : Ouais. Je retourne en Algérie. Mais j'ai pas encore dit à Mirta, je préfère attendre le dernier moment.
Malik : Ah, pourquoi ?
Aicha : J'sais pas. J'pourrais peut-être lui faire de la peine, tu vois !? Tu sais. Je reviendrais ! L’Algérie c'est mon pays, tu vois, je... j'...j'aime mon pays mais je sais que ma vie, elle est ici.
Malik : Pff, c'est comment là-bas ?
Aicha : Attends, ne me dis pas que...
Malik : J'ai jamais mis les pieds en Algérie !
Aicha : Tu déconnes ?
Malik : Non, j'suis un vrai gosse de Marseille, moi, qu'est-ce que tu crois ? Le plus grand voyage que j'ai fait c'est... c'est le quartier Nord du Mistral. J'te dis pas le décalage horaire !
Aicha : Et elle a dit quoi ta mère ?
Malik : Oh, tous les jours elle venait... euh... apporter des cornes de gazelles, des petits plats., des... Au cas où on laisserait mourir son fils de fin.
Aicha : Oh, ça me rappelle trop la mienne. On y va !
Malik : Déjà ?
Aicha : Allez, ouais ! Allez !
Ils repartent en courant.
BAR DE ROLAND :
Mélanie : Je me suis toujours demandé qui c'était le beau gosse, là !?
Roland : C'est moi !
Mélanie : Eh ben... Vous avez changé, hein.
Roland : En bien, j'espère !?
Mélanie : Je répond pas, y en a qui se sont retrouvés à la ANPE rien que pour ça ! Et lui ?
Roland : Celui-là, c'est mon père. Celui qui a légué le Mistral à François rien que pour me faire chier ! Ça a jamais collé entre nous. Je m'entendais mieux avec mon grand-père. Agénor Marci ! Fondateur du Mistral. Ça aurait tenu qu'a lui, c'est moi qui aurait hérité ! J'étais son préféré !
Mélanie : Hum. Oh, mais moi je fatigue.
Roland : Non, non, hé ! Allez ! Astique, hein ! Que si je vends mon fond de commerce... y a intérêt à ce que ça brille ! Allez !
Mélanie : C'est sérieux votre histoire de voyage ?
Roland : Et comment ! Pour mon crédit c'est râpé, je le sens ! Et si je peux pas racheter le Mistral, ça sera quoi ma vie ? Tu peux me le dire, hein ? Tu me vois arrivé... euh... dans ce café en client, là ? Me... m'installer du moment côté du comptoir. Me faire servir par des étrangers, des Parisiens, peut-être ! Donc je vends ! Je prends l'argent et je mets les voiles !
Mélanie : Vous voulez aller où ?
Roland : Loin !
Mélanie : Vous quittez les Bouches-du-Rhône ?
Roland : Haha, c'est ça quand on a l'esprit d'aventures. On pensait commencer par...
Mélanie : Qui ça « on » ?
Roland : Je pensais commencer par l'Italie. Les grands musées. Florence, Venise...
Mélanie : Les pâtes all'arrabiata, la copa.
Roland : Après euh... l'Espagne.
Mélanie : Les babas, le chorizo.
Roland : Et après je me disais que je pourrais traverser l’Atlantique et rester quelques temps au Brésil.
CHAMBRE D'AICHA :
Aicha fait sa valise et Rachel l'aide.
Rachel : Mirta, tu lui as dit ? Annoncer qu'on quitte sa chambre, ça se fait quand on est logé à l'hôtel.
Aicha : Ouais, mais je sais pas comment lui annoncer.
Rachel : Tu devrais prendre ton courage à deux mains. Parler avec ton cœur, c'est pas très facile. Mais je suis sûre que ça lui fera très plaisir.
Aicha : Ouais, peut-être. T'as raison !